Etape 43 - Thailande -Retour dans la fièvre de Bangkok
Vendredi 2 février 2018. Le vol entre Siem Reap et Bangkok s'est passé sans encombre. A peine débarqué à l'aéroport de Bangkok, je fais tamponner mon passeport, puis je m'engouffre dans un taxi. Il me semble que cette fois-ci, les formalités ont été plus rapides que la dernière fois. Bangkok - Novembre 2013. Il me semble que c'était une éternité. Tant de choses ont changé depuis. Tant de fausses routes. En parlant de voie justement, je remonte l'autoroute qui transperce la ville royale de part en part depuis l'aéroport. En à peine une petite demi-heure, me voici devant le quartier de Khao San Road***. La musique bat son plein, la fièvre a déjà gagné les rues chaudes du quartier le plus touristique et le plus chaud de Bangkok. Une pure folie. Les gens dansent et chantent en pleine rue. Nuées de touristes du monde entier qui se retrouvent en Thaïlande pour s'encanailler. Avec ma petite valise que je traîne derrière moi, je me sens brusquement étourdi. "Mais putain, qu'est-ce que je fais ici !" Au milieu de cette furie ambiante, j'ai peine à voir où se trouve mon hôtel. Je dois remonter la rue sur environ 100 mètres avant de trouver son entrée. Un véritable exploit au milieu de cette cohue. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de retourner à Khao San Road. Je me promets que c'est la dernière fois. J'en viens à détester Bangkok et son tourisme de masse.

Bangkok au petit matin. Réveil difficile. Gueule de bois. Khao San Road a retrouvé pour quelques temps sa tranquilité. Des relents de musique percent parfois d'un bar. Les masseuses de spa ont remplacé les putes et les travelos qui remontent inlassablement la rue la nuit venue. Khao San Road. Il me semble que le pays tout entier s'est vautré dans le vice occidental qu'il ne peut se permettre de vivre chez lui. Ver pourri. Même les Thaïlandais d'ordinaires si gentils semblent peu à peu gangrénés par la saloperie européenne, australienne et américaine. Envie de gerber. En moins de cinq ans, la situation n'a fait qu'empirer. Pourquoi suis-je retourné ici. Je n'ose même pas répondre. Rendez-vous manqué. Repoussé. Je m'en vais du côté du quartier royal, trop heureux d'être enfin sorti de ma léthargie. Torpeur.

Direction Grand Palace***. Ici, rien n'a changé. Sauf le temps. Le ciel bleu de 2013 a cédé la place à un vilain teint uniformément gris. Pas de chance. En relevant la tête, c'est presque avec joie que je retrouve les grands gardiens du temple, toujours aussi effrayants et imposants.

Leur sourire de circonstance masque une autorité imposante. Le bâton qu'ils tiennent serrés dans leur main sonnent comme un rappel à l'ordre.

Toujours aussi imposant le chedi doré qui renferme en son coeur le sternum du Bouddha concentre d'autorité une certaine marque de respect. L'or sans doute. Commetn savoir ? De la porte jusqu'à la pointe du chedi, il dégouline littéralement comme une couche de chocolat fondant sur une cloche de Pâques.

Je retrouve avec bonheur mes groupes d'éléphants qui m'avaient séduits la première fois. Délaissés par les colonies de touristes chinois. Tant mieux. Bangkok m'insupporte. Mais plus encore ces milliers de nouvaux riches qui se déversent dans les allées sacrées du temple sans prendre le temps d'essayer de comprendre quoi que ce soit, l'appareil photo à l'affût, le portable prêt à dégainer pour un selfie de circonstance. La gerbe.

La seule bonne nouvelle dans ce monde d'écervelés, dans cette frénésie de paraître, c'est mon grand angle chaussé à mon plein format que je n'avais pas encore, il y a cinq ans. Des stupas géants de Grand Palace, il ne fait qu'une bouchée.









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